Se relever et avancer le plus vite possible, telle est l’histoire d’Alexis Hanquinquant. Victime d’un accident de travail en 2010, Alexis a fait le deuil de sa jambe. Un coup dur pour ce champion de France de full contact qui voit sa vie basculer. Mais Alexis n’est pas du genre à s’apitoyer sur son sort, il en est même ressorti plus fort ! Compétiteur dans l’âme depuis toujours, c’est à travers le sport qu’il s’est naturellement reconstruit.
Champion de France, Champion d’Europe et Champion du Monde de paratriathlon en 2017, Alexis voit plus grand. Insatiable et ambitieux, il rêve de se couvrir d’or aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2020.
Originaire de Normandie, Alexis a participé au Triathlon International de Deauville en 2017. Il sera de retour sur le Trideauville en 2018, avec un objectif bien précis : la victoire !
Tu es Champion de France de full contact, pourquoi t’es-tu orienté vers le triathlon après ton accident ?
Il était très difficile de poursuivre le full contact après mon accident. La pratique de ce sport à haut niveau est impossible avec une prothèse. Amoureux de la nature, compétiteur et à la recherche perpétuelle de nouveaux défis, le triathlon fut une évidence. C’est un sport extrêmement exigeant physiquement, un réel challenge !
Tu vis des choses incroyables à travers ce sport, est-ce qu’aujourd’hui tu peux dire que ton handicap est en quelque sorte une « belle opportunité » ?
Depuis mon accident et mes débuts dans le triathlon je vis un véritable rêve de gosse ! Mordu de sport depuis toujours, j’avais des étoiles plein les yeux quand je voyais des athlètes français représenter fièrement leur pays sur les compétitions et podiums internationaux.
Pour moi je ne suis pas handicapé, je peux faire de grandes choses mais je les fais différemment. Cette notion est très importante pour avancer et croire en ses rêves.
En quelques années, tu es devenu Champion de France, Champion d’Europe et Champion du Monde, comment expliques-tu une telle réussite ?
Il y a eu des moments très durs suite à mon amputation mais j’ai toujours su positiver et aller de l’avant. Je n’ai pas de limite. Je suis convaincu de pouvoir faire de grandes choses et je m’en donne les moyens. Selon mon planning de compétition je m’entraîne entre 20 et 25 heures par semaine ce qui représente 15kms de natation, 300kms de vélo et 40kms de course à pied hebdomadaires.
En 2016, je termine second des Championnats de France. C’est un événement marquant puisqu’il a déclenché le processus de repérage pour intégrer l’équipe de France dont je fais désormais parti. C’est un immense honneur et une grande satisfaction pour moi de concourir aux couleurs de la France aux quatre coins du monde. La priorité est donnée au sport mais c’est une chance extraordinaire de pouvoir découvrir de nouvelles cultures lors de mes déplacements à l’étranger. LA VIE EST BELLE !
Le paratriathlon c’est un engagement physique mais aussi financier…
Effectivement ! Il faut savoir que les prothèses ne sont pas remboursées puisqu’elles sont dites de « loisirs ». Il faut compter environ 6000€ par prothèse et par discipline. Les prothèses ne sont pas garanties à vie et nécessitent des ajustements réguliers à hauteur de 1500€
Quel souvenir gardes-tu de ta première participation au Trideauville en 2017 ?
Ce qui m’a le plus marqué c’est l’ambiance et tous ces gens au bord de la route pour nous encourager ! J’ai été impressionné par le départ de la natation où plus de 1000 personnes se jettent à l’eau en même temps. J’ai adoré le parcours vélo. Il est comme je les aime, un cadre magnifique et de la difficulté comme il faut (si on oublie la fameuse côte dans les premiers kilomètres qui vient te casser les pattes). Le Trideauville, c’est vraiment une superbe compétition, avec de beaux parcours et une organisation au top.
Lors de cette compétition tu concours avec les valides, est-ce que ta manière d’appréhender la course est différente ?
Je ne dirais pas que je suis plus motivé mais j’adore ça ! Il est important pour moi de redorer le niveau du paratriathlon français et de montrer qu’on est capable de faire de belles choses ! Je termine 11ème sur le M, c’est un super résultat. J’ai manqué un peu de lucidité pendant la partie running. Il y avait deux boucles de 5kms à parcourir et je me suis arrêté après la première pensant être arrivé ! Le public me disait « ce n’est pas fini, allez ne lâche rien ». Quand j’ai réalisé ce qu’il se passait je me suis dit « quel boulet » !
Avec de telles performances, quels peuvent être tes objectifs pour 2018 et à plus long terme ?
Mes objectifs principaux en 2018 sont le Championnat d’Europe mi-juillet en Estonie puis le Championnat du Monde en septembre en Australie où je tenterai de conserver mes titres afin de devenir le n°1 mondial (actuellement 2ème) et de décrocher ma qualification pour Tokyo 2020. Pour m’y préparer, je participerai à des « petites courses » appelées WPS (World Paratriathlon Series) et j’aurai également le plaisir de revenir sur le Trideauville en juin prochain.
Cette année, je pourrai me consacrer pleinement à ma carrière sportive disposant désormais du statut de sportif de haut niveau et d’un aménagement de mon temps de travail au sein de l’entreprise Bâtiment Grand Ouest dans laquelle je suis salarié.
Se relever et avancer le plus vite possible, un pari réussi pour Alexis dont la foulée frise les 18km/h ! Papa de deux enfants, celui qu’on surnomme l’ovni du paratriathlon tient à souligner le soutien de ses proches et l’investissement de son entraîneur du Rouen Triathlon (Nicolas Poulot) et de son prothésiste (Gérard Baskakoff) au quotidien.
« C’est un sport individuel mais ma réussite est collective »