Le ciel est gris, la mer déchaînée. Les triathlètes trépignent et regardent avec méfiance l’étendue bleue qui se présente à eux. Cette mer n’est pas accueillante et ne semble pas nous souhaiter la bienvenue. Le ton est donné, aujourd’hui sera glorieux ou ne sera pas.
Au fond du sas, (on entend chanter les sardines) je me fais la reflexion que le terme de natation est peut être mal choisis pour décrire la bataille navale qui va avoir lieu.
10h01 – C’est parti! Au petit trop et au rythme de la bande son de pulp fiction, je me dirige vers l’inconnu: 1,5km dans une mer agitée. Tranquillement je me décide à me mouiller et je me rencontre qu’il ne s’agit plus de nager mais de survivre aux vagues et aux lutteurs aquatiques.
10h et quelques – Et là, c’est la guerre. Plus de pitié au passage de la première bouée, c’est celui qui restera hors de l’eau qui survivra. ça joue des coudes et des pieds, à croire que certains essayent même de passer par dessus???!
10h21 – Je sors de l’eau. Enfin j’y sors pour y re-rentrer et attaquer le second tour. Quelques tasses d’eau salée me motive à en finir le plus vite possible. « Après la natation, plus que vélo et course a pieds c’est easy! »
10h38 – Enfin c’est fini, merci mais je ne veux plus de sel.
Et là, tu redécouvres tes pieds mais sans les talons car mes talons étaient gelés.
10h45 – Plus le temps de réfléchir, il faut y aller. Les pédales n’attendent pas. Et rien de plus réjouissant que la côte de Saint-Laurent… Enfin quel plaisir d’être à vélo après la bataille navale, prendre quelques gorgées de boissons sucrées me redonnent la pêche.
11h00 – Sur le plateau, j’en profite pour récupérer et admirer le paysage. Sur les hauteurs, le triathlon nous offre plus qu’une course: une balade touristique !
11h30 – J’attaque une nouvelle grosse côte. Je passe les vitesses. Mon vélo refuse. Ma chaîne se bloque. Et booom! Chute.
11h31 – Je me relève, plus de peur que de mal. Il me fallait bien cela pour ajouter du piquant à la course. Quelques éraflures mais rien de grave. Je me remet en selle pour poursuivre l’ascension!
12h20 – Je finis le vélo en trombe. Après les 20km en vélo, j’ai commencé à accélérer et je me sens au top. Maintenant direction mes baskets pour envoyer sur la course à pieds!
12h33 – Vélo terminé. Une deuxième partie de course plutôt bien gérée même si je suis parti doucement j’ai pu envoyer davantage sur la fin. Il me reste assez de jus pour me faire plaisir sur la course à pieds.
13h00 – Quel plaisir de courir le long des planches, on ne sait plus où donner de la tête entre l’apparition du soleil, la plage et ses parasols, la foule n’attendant que d’être stimulée! Les kilomètres s’enchaînent et la fin approche!
13h20 – Plus qu’un kilomètre, je me mets en tête de tout envoyer !
13h25 – La course se finit et la joie est indescriptible. On rentre dans un club fermé, dans une portion infime d’individus fous et passionnés !
Tout cela finit très bien pour moi, sachant qu’une semaine auparavant je m’étais fait une entorse. Temps respectable et sensations aux rendez-vous. Après la course, j’entends que ce triathlon n’est pas le plus facile à cause du dénivelé en vélo. Je suis plutôt fier et motivé pour enchaîner de nouveaux tris!
Mon bilan:
37min – natation
1h42min – vélo 23km/h
52min – course à pieds 11.5km/h
Total de 3h24 avec les transitions
En m’inscrivant pour mon premier triathlon, je ne pensais pas qu’il commencerait à l’inscription même. Et là, ce n’est pas seulement mes entraînements qui changèrent mais mon quotidien. Devenir triathlète c’est partir en quête de l’auto-dicipline et de nouvelles habitudes.
Si la course fut stressante, l’avant course vu encore plus stressante. Pour un débutant la logistique du matériel est facteur inconnu: est ce que je n’ai rien oublié? Et si je crève en vélo? Et bien d’autres questions aussi diverses que flippantes.
Néanmoins l’organisation pour ce triathlon de Deauville a fait le taff. Des bénévoles disponibles, des indications claires et une ambiance de folie! Aujourd’hui ce qui me fait apprécier le triathlon: le style de vie. Plus que la course à pieds, un triathlète se doit de développer son auto-discipline à l’épreuve des bières (enfin la plupart du temps) et son organisation à la manière d’un horloger suisse.
Finir son premier triathlon, ce n’est pas seulement un accomplissement personnel ou une performance inconcevable, c’est aussi la découverte d’une nouvelle forme de plaisir… ou de souffrance. Oui car le triathlon est trop envahissant pour être comparé à n’importe quel autre sport et pour le prendre à la légère. Et l’une des raisons qui justifie cela, c’est que le triathlon n’est pas un sport mais trois sports. En voilà une découverte vous me direz! Mais l’entraînement est triple et l’investissement est total et j’adore ça!
Je vous dis à l’année prochaine pour la version longue? ^^